Quand suspecter une hyperhydrose secondaire : données d’une cohorte rétrospective de sueurs récurrentes - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
Essentielle à la thermorégulation, la production de sueur peut être excessive au cours de l’hyperhydrose. L’identification des pathologies sous-jacentes est cruciale pour la prise en charge de l’hyperhydrose secondaire, mais il n’y a pas suffisamment de données à ce jour pour orienter de façon appropriée les examens complémentaires à réaliser. L’objectif de ce travail est de rapporter les étiologies de sueurs récurrentes en milieu hospitalier et de fournir les performances diagnostiques de leurs caractéristiques clinico-biologiques respectives.
Patients et méthodes |
Nous avons réalisé une étude descriptive monocentrique dans un centre hospitalier universitaire. Les patients présentant des sueurs récurrentes ont été sélectionnées en utilisant un entrepôt de données clinique avec une recherche effectuée sur l’ensemble des documents médicaux électroniques de l’année 2018 au moyen d’un algorithme basé sur des mots-clés. Tous les patients, hospitalisés ou non, âgés d’au moins 18 ans et ayant rapporté des sueurs récurrentes depuis au moins 2 semaines sur l’année 2018 ont été inclus avec un minimum d’un an de suivi suivant l’apparition de leurs symptômes. Les performances diagnostiques de chaque caractéristique clinique et biologique recueillies ont été évaluées pour estimer leur capacité à distinguer la cause des sueurs.
Résultats |
Quatre cent vingt patients ont été inclus, dont la moitié a été prise en charge dans 4 services : Médecine interne, hématologie, pneumologie et maladies infectieuses. Nous avons identifié plus de 130 étiologies différentes et 70 patients (16,7 %) sont restés sans diagnostics. Les principaux diagnostics ont été représentés par les cancers solides14,3 % avec 13 cancers pulmonaires), les hémopathies malignes (14,0 %, avec 35 lymphome non-Hodgkinien) et les maladies infectieuses [1 ] (0,5 % avec 13 tuberculoses). Les autres étiologies ont été regroupées en pathologies inflammatoires (16,9 %) et non-inflammatoires (27,6 %). 19 classes médicamenteuses pourraient potentiellement être impliquées. Des sueurs nocturnes ont été rapportées dans 89,3 % des cas. Pour distinguer les pathologies non-inflammatoires et les hyperhidroses idiopathiques des autres causes, la fièvre avait une spécificité de 94 %, l’altération de l’état général une sensibilité de 78 %, et une CRP>5,6mg/l une valeur prédictive positive de 0,86. Une durée d’évolution supérieure à un an était en faveur des causes non-infectieuses et non-cancéreuses (spécificité 94 %).
Discussion |
Notre cohorte rétrospective de 420 patients est la plus importante cohorte d’hyperhidroses à ce jour, en particulier pour les hyperhidroses secondaires. Les critères actuels de classification des hyperhidroses primaires ont été proposés sur des données n’incluant que des consultations de dermatologie [1 ]. Ils excluent les sujets plus âgés qui peuvent également présenter des hyperhidroses idiopathiques, ou les sujets ne présentant que des sueurs nocturnes, et pourraient donc être élargis. Une durée d’évolution d’un an permettrait de mieux éliminer les pathologies graves telles que les infections et les néoplasies que l’actuel cut-off de 6 mois. Des éléments cliniques ou biologiques simples pourraient orienter les investigations face à cette symptomatologie. La force de notre étude est d’inclure de façon large des patients de services différents et de fournir une liste plus complète des diagnostics possibles à évoquer, en incluant des pathologies rares. Ces données restent cependant à confirmer dans d’autres pays où les fréquences de ces étiologies pourraient varier. Notre cohorte est équilibrée entre patients hospitalisés et vus en consultation, mais les patients hospitalisés présentaient des états plus altérés, avec davantage de signaux d’alertes, et doivent être explorés en conséquence.
Conclusion |
Nous avons identifié la fièvre, l’altération de l’état général, la durée d’évolution et la CRP comme étant des paramètres d’orientation utiles pour évaluer la nécessité de réaliser des explorations complémentaires face à une situation de sueurs récurrentes. Cette étude propose un algorithme diagnostique pour l’investigation des sueurs récurrentes.
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Vol 43 - N° S1
P. A112-A113 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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